Saison
2015-2016

Sans le savoir, le TFC va donner ses nouvelles lettres de noblesse aux remontées fantastiques. Une remise en exergue de l'histoire moderne de la Ligue 1 au coeur d'une légende urbaine qui suscite crainte et appréhension. On disait le club condamné par beaucoup à la relégation, les Toulousains font alors appel à un avocat au verbe acerbe et affûté... Les Violets se sauvent de la descente à l'étage inférieur!

Personne n'avait encore réussi, ni imaginé ou même osé, l'indicible exploit de se maintenir dans l'élite en accumulant dix points de retard à dix journées de la fin d'un championnat balayé par un PSG au-dessus de la concurrence. Un revers de main pour la postérité porté par Pascal Dupraz, le troisième coach à la tête de l'effectif téféciste en l'espace de deux ans.

Le technicien haut-savoyard remplace à la fin février Dominique Arribagé qui, auteur déjà d'un petit miracle quelques mois auparavant, quitte son poste après la défaite de trop à domicile contre Rennes (1-2). Il prend ses fonctions à 48h d'une rencontre cruciale à Marseille, n'hésite pas à entonner ses premières maximes dont il a le secret et promet même l'impensable à ses ouailles : "Vous avez neuf matches à jouer par vous-mêmes et je m'occuperai du dernier", à l'image de son accomplissement en 2014 avec l'Évian TG ! Du surnaturel au service, au chevet, d'une équipe qui a finalement stagné dans la zone rouge pendant 26 classements tout au long de la saison. Une arrivée salvatrice marquée d'abord par un malaise, une place dans un lit d'hôpital, le tout à la veille d'un déplacement au Vélodrome dont il délègue les responsabilités à son adjoint Mickaël Debève (1-1).

Le scénario d'une douce (mais folle) nuit de mai à Angers s'écrit, on délaisse le passé en oubliant désormais un exercice douloureux qui avait pourtant débuté par un beau succès au Stadium (ASSE, 2-1). À l'instar d'Arnold Schwarzenegger, on efface les deux éliminations au Parc des Princes dans les deux coupes nationales (dont une en demi-finale de Coupe de la Ligue) et on bascule dans l'irréel.

En un mois, intraitable devant ses supporters, le TFC n'encaisse qu'un seul but. Les Violets enchaînent les besaces à trois points et détonnent à chaque sortie, que ce soit dans le derby de la Garonne (4-0) ou face à la paire corso-normande (Bastia 4-0 / Caen 2-0). L'unique hic se déroule à Lille (0-1), pas de quoi dénaturer pour autant la recette de la réussite de "Coach Dupraz".

Les quatre unités engrangées ensuite sur les neuf possibles (OL 2-3 / ASSE 0-0 / Troyes 1-0) emmènent un groupe, tout un club, l'ensemble d'une ville jusqu'au stade Jean-Bouin d'Angers. S'offrir l'incommensurable, l'extraordinaire, au terme d'une 38ème et dernière journée de Ligue 1. Le parcage toulousain est plein, une mobilisation générale relayée par une causerie d'avant-match qui s'ancre désormais dans l'imaginaire de chacun. La bascule à mi-distance entre le dramatique et le thriller peut avoir lieu, on s'accroche à son siège et on savoure. Le pire d'abord, avec un SCO menant deux fois au score et Braithwaite ratant un pénalty puis, l'espoir avec la double égalisation de ses gâchettes offensives qui battent l'une et l'autre leur record de buts sur une saison (Braithwaite 11 / Ben Yedder 17)...

Avant l'irréel, le fantastique, le moment sciences-fiction où Dupraz fait entrer Bodiger en déclarant de manière prémonitoire : "Je sais pas pourquoi, je réfléchis à Bodiger avec son pied gauche. Je sais pas pourquoi mais j’ai ça en tête." À la 80ème minute, le Pitchoun s'exécute comme une marionnette au destin couché sur papier glacé. "Bodi" enroule une frappe pied gauche dans la lucarne angevine, la toile d'araignée est remisée au placard et le n°23 peut glisser sur les genoux devant une liesse populaire violette indescriptible. Le Tèf' sort la tête de l'eau, respire après neuf mois d'apnée profonde et célèbre jusque tard dans la nuit son incroyable maintien dans l'élite !